La mort du général Dupuy pendant la révolte du Caire

Le Caire s’embrase le 21 octobre 1798. Des émeutes éclatent, le général Dupuy est tué, d’autres Français, soldats, médecins, négociants, subissent le même sort, des maisons occupées par des officiers, dont celle du général Caffarelli, sont pillées.

Le général Dupuy sous estime la révolte du Caire

A l’intérieur du Caire, le drame s’aggravait, mais il s’aggravait aussi à l’extérieur des remparts, où des nuées de Bédouins, excités par leurs ulémas et enfiévrés par la perspective du butin, accouraient de tous les coins du désert pour prêter main-forte aux citadins. Croisant sur son chemin un convoi de malades de la division Reynier qui arrivait de Belbeys, une de ces hordes était tombée sur l’escorte et l’avait massacrée jusqu’au dernier, sans en excepter les malades et les blessés.
Au premier abord, le général Dupuy, commandant de la place, avait sous-estimé l’importance de l’affaire.
Ce n’est qu’une échauffourée, avait-il déclaré sur la foi des premiers rapports, très incomplets, qui lui étaient parvenus.
Aussi s’était-il contenté d’ordonner à quelques patrouilles de circuler en ville pour ramener le calme. Mais lorsqu’on lui annonça, coup sur coup, que la rébellion s’étendait et que les émeutiers multipliaient les actes de sauvagerie, il comprit que la situation était beaucoup plus grave qu’il ne l’avait pensé.
Ayant appris que le centre de ralliement des insurgés se trouvait dans le grand cimetière appelé la « Ville des Tombeaux », il donna l’ordre à la 32e demi-brigade de marcher dans cette direction. Mais, dans l’intervalle, la foule avait grossi à tel point que chaque rue n’offrait plus qu’une masse compacte de têtes et de turbans. Tantôt cette multitude se jetait au-devant des chevaux pour les renverser ; tantôt foulée aux pieds et forcée de livrer un passage, elle allait s’écraser en hurlant contre les murs des maisons, tandis qu’une grêle de projectiles, lancés des toits, s’abattait sur la troupe.

La mort du général Dupuy au Caire

Le général Dupuy allait pénétrer dans la rue des Vénitiens, lorsqu’un groupe de manifestants se mit en travers de sa route. Dupuy commanda à ses dragons de charger. Au premier choc, les chevaux fendirent les groupes et un certain nombre de rebelles furent abattus à coups de sabre. Mais cet engagement avait lieu dans une rue très étroite, où les cavaliers n’avaient pas la place de se déployer et où les insurgés eux-mêmes bloqués et pressés de toutes parts, n’avaient pas la place de battre en retraite.
La situation était critique. Elle le devint plus encore lorsque Barthélemy le Grec, l’adjoint au gouverneur du Caire, qui marchait à deux cents pas derrière Dupuy, à la tête d’une escouade de police, tira un coup de tromblon sur le groupe le plus acharné. En entendant cette détonation, la populace devint littéralement enragée. Une centaine de fous furieux se précipita sur les Français. En un instant, le général Dupuy fut entouré par une muraille de piques, de sabres et de poignards. Comme il levait le bras pour se protéger le visage, un violent coup de lance lui transperça l’aisselle gauche. Ruisselant de sang, Dupuy tomba à terre et expira quelques minutes plus tard.

15000 fanatiques dans la mosquée du Caire

En apprenant la mort du général Dupuy et dans l’impossibilité de joindre Bonaparte pour lui demander des instructions, le général Bon avait pris le commandement des troupes. Il commença par donner l’ordre de tirer le canon d’alarme et de regrouper les unités disséminées en ville. Les généraux français avaient enfin compris qu’ils ne materaient la rébellion qu’en appliquant un plan d’ensemble et en faisant intervenir de plus gros effectifs.
Bon ordonna à des détachements d’infanterie appuyés par des canons de dégager les artères principales et de déloger à la baïonnette les tireurs embusqués sur les toits des maisons. Ce mouvement vigoureux fut promptement exécuté. Chassés de leurs îlots de résistance, les rebelles refluèrent en désordre vers la mosquée d’El-Azaar. Quinze mille d’entre eux, parmi les plus fanatiques, s’y retranchèrent et firent le serment de se défendre jusqu’à la mort.

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