Bonaparte écrase les rebelles du Caire en 1798

La réaction de Bonaparte est rapide. Dès le lendemain, il fait bombarder le Caire et en particulier la mosquée d’al-Azhar, un des principaux centres de la révolte. Il laisse également ses soldats piller la grande mosquée.

Bonaparte rentre précipitamment au Caire

La réaction de Bonaparte est rapide. Dès le lendemain, il fait bombarder le Caire et en particulier la mosquée d'al-Azhar

En entendant tonner le canon d’alarme et en voyant des colonnes de fumée s’élever du centre de la ville, Bonaparte interrompit son inspection et rentra précipitamment au Caire. Arrivé à la porte du Vieux-Caire, il se heurta à un rassemblement de trois cents manifestants qui lui interdit le passage. Faisant demi-tour, il se présenta à la porte de l’Institut, où il se trouva dans la même situation. Allait-il assister, impuissant, au massacre de ses troupes? Il commençait à le craindre lorsqu’il réussit enfin, après une troisième tentative, à pénétrer dans la ville par la porte de Boulaq.
Ce qu’il aperçut alors le remplit d’effroi. Les rues principales étaient dévastées comme après le passage d’une tornade. Qu’avaient fait ses généraux ? Toute communication était coupée entre les différents quartiers. Parant au plus pressé, il donna l’ordre à Junot de prendre le commandement des troupes chargées de la protection du quartier général, de dégager les abords de la place Esbékieh et de poster des canons de manière à prendre en enfilade toutes les avenues qui y débouchaient. Cette opération fut exécutée à la tombée du jour.

L'inssurection du Caire isolée

Grâce aux charges des brigades françaises, presque tous les quartiers du Caire avaient été dégagés

Le 22 octobre, aux premières lueurs de l’aube, les faubourgs de la capitale recommencèrent à s’agiter. Maîtres de plusieurs portes, les insurgés les ouvrirent à leurs auxiliaires du dehors. Des flots de fellahs et de Bédouins, armés de bâtons, de piques, de sabres, de pistolets et de fusils, se répandirent dans les rues en poussant des hurlements rauques, convaincus que ce jour verrait la mort des régiments français.
Mais aux alentours de la ville, un certain nombre de contre-attaques firent une utile diversion. Sortis à la pointe du jour, les généraux Lannes, Vaux et Dumas avaient échelonné autour du Caire de nombreux détachements d’infanterie et de cavalerie. Chaque groupe de fellahs ou d’Arabes qui se rapprochait des portes trouvait son chemin barré par des troupes françaises qui le refoulaient dans le désert. Grâce à ces opérations, menées avec la dernière vigueur, l’insurrection du Caire fut coupée de la rébellion extérieure.

Une scène de dévastation

Grâce aux charges des brigades françaises, presque tous les quartiers du Caire avaient été dégagés. La révolte se trouvait circonscrite à la grande mosquée. Mais elle s’y perpétuait, redoutable et tumultueuse. De nombreux renforts accourus de divers côtés et des armes distribuées à propos avaient galvanisé l’ardeur des combattants. Les imams, les mollahs, les chefs de la conspiration qui étaient tous groupés dans la même enceinte et voyaient tomber leurs têtes si l’insurrection était écrasée, fanatisaient leurs partisans et les adjuraient de repousser toute formule de conciliation.

Mais cette ivresse fut de courte durée. Au même moment, un obus parti de Mokattam vint exploser au milieu des rebelles. C’était le commencement du bombardement. A 4 heures précises, Bonaparte avait donné l’ordre au général Dommartin et au gouverneur de la citadelle de démasquer leurs batteries. Simultanément, des compagnies de grenadiers prirent position en travers des avenues qui conduisaient à la mosquée pour couper aux insurgés toute voie de retraite.
Alors grenades et boulets s’abattirent par centaines sur le foyer de rébellion. « Percée à jour par les projectiles, la mosquée menaçait d’engloutir sous ses ruines la foule campée dans son enceinte. Bientôt, tout le quartier environnant n’offrit plus qu’une scène de dévastation. On n’y voyait qu’édifices incendiés, maisons éventrées de fond en comble. Du sein de ces décombres, où des familles entières périssaient écrasées, on entendait sortir des cris horribles ou des gémissements.»

Réduits au désespoir, les rebelles tentèrent une dernière sortie. Mais toutes les issues étaient hérissées de baïonnettes, sur lesquels leurs vagues hurlantes venaient s’embrocher.
L’insurrection agonisa encore pendant deux heures, deux heures durant lesquelles le bombardement se poursuivit sans discontinuer. Le sang ruisselait dans les caniveaux de la mosquée des Fleurs. Enfin, vers huit heures du soir, les chefs de l’insurrection s’avancèrent sans armes vers les soldats français et se jetèrent la face contre terre en criant : « Miséricorde !»

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