Les prêtres étaient considérés comme les « serviteurs des dieux ». Leur tâche n’était pas de prêcher devant les fidèles mais de veiller au bien-être et au bonheur des dieux. Ils accomplissaient le rituel au sein du sanctuaire sacré du temple, réservé au clergé et au pharaon.
Qui ouvre les portes du ciel ?
Ce sont les prêtres qui doivent ouvrir tous les matins, pour le compte du roi, les portes du ciel, c’est à dire les tabernacles où sont gardées, dans chaque temple du pays, les statues des divinités.
Cette élite initiée, coupée du peuple ( le quidam n’a pas accès au temple ) a constitué au fil des siècles un clergé très puissant et immensément riche. Ainsi,. vers 1170 avant J.-C., le temple d’ Amon possède plus de 440 jardins, 2400 kilomètres carrés de terres, des bateaux… 81 000 hommes y travaillent!
L ‘entretien des dieux requérait un personnel très variable selon l’importance du temple. Dans les plus importants, les fonctions diverses étaient remplies par autant de personnes différentes, allant des officiants qualifiés, serviteurs du dieu ou pères du dieu, des chanteuses et des musiciens, jusqu’aux ouvriers chargés de la préparation des offrandes, boulangers ou bouchers, et au personnel d’entretien. On connaît également, en dehors de la hiérarchie ordinaire, un grand nombre de prêtres spéceques, apparemment attachés à des rituels occasionnels ou à des aspects particuliers de la divinité. Le clergé ordinaire était organisé en quatre phylè qui se relayaient de mois en mois, au cours des trois saisons de l’année, ce qui leur permettait de s’occuper des terres dont le revenu assurait en principe leur existence.
Le rituel journalier comprenait essentiellement un service du matin et un autre du soir, depuis l’ouverture du tabernacle contenant la statue, qui devait être parée, encensée et nourrie, jusqu’à sa fermeture, ainsi qu’une sorte de garde nocturne rythmée par les prêtres observateurs de l’heure qui observaient sur le toit du temple, tout au long de la nuit, le passage des étoiles.
Pendant les mois de service, les officiants étaient tenus de respecter un certain nombre de prescriptions, purifications et abstinences, dont nous connaissons le détail principalement par des inscriptions tardives et par des écrivains grecs.
Parmi les activités séculières des prêtres, on retiendra entre autres l’exercice de la médecine, spécialité des purs de Sekhmet, l’assistance magique aux gens en difficulté que prodiguaient les porteurs du livre ou le règlement des litiges mineurs par l’interprétation des oracles que l’on demandait à la porte des temples.
Dans les nécropoles, on trouvait des prêtres pour accomplir les cérémonies des enterrements, assurer le culte funéraire et surveiller les opérations des embaumeurs qui préparaient les cadavres pour l’éternité.
Une longue lamentation s’échappe d’une riche maison thébaine, retentissant bientôt dans tout le voisinage : un homme vient de mourir. Lancinant, ce cri inaugure une période de deuil d’environ soixante-dix jours. Amis et parents se sont rassemblés. Ils manifestent leur douleur de façon démonstrative. Tous se couvrent la tête de limon du Nil et, publiquement, se frappent le sommet du crâne à deux mains ; les hommes ne se rasent plus, les femmes préparent des repas plus chiches que d’ordinaire ; dans la maison, le silence et la réserve sont de rigueur.
Le deuil va durer soixant-dix jours. Pour témoigner de leur douleur, certains hommes se couvrent même la tête de poussière, imités par les femmes qui, lorsqu’elles sont dans la rue, se frappent le visage. Les proches du défunt jeûnent, leur nourriture est limitée au strict nécessaire. Il arrive que certains fassent du zèle, et pratiquent un jeûne total. Dès la mort venue, on se dépêche de prévenir les prêtres funéraires, qui prennent en charge le futur « glorifié ». Placé sous une tente, dans le quartier des embaumeurs, il va y être lavé, purifié, à grand renfort d’eau, oint d’onguents et habillé de vêtements propres. Il peut maintenant être remis entre les mains habiles des embaumeurs, qui vont le momifier.
Soins donnés aux statues des dieux, processions et offrandes rituelles, exercice de la médecine et pratique de la magie : telles sont les fonctions des prêtres égyptiens