La mort de Mussolini et de Clara Petacci

Mauvais temps pour les fidèles partisans du Duce

La résistance italienne, de plus en plus active, multiplie les embuscades contre les colonnes allemandes qui battent en retraite vers l’Autriche. Les unités de la RSI, dont certaines ont participé à la lutte contre les maquis, ne sont pas épargnées. Le front italien ne cesse de bouger, sous l’écrasante supériorité matérielle des troupes anglo-américaines. La fin est proche pour ceux qui sont restés fidèles au Duce. Le 21 avril, Bologne, Modène et Reggio Emilia sont évacuées par les Allemands. Dans chacune des trois villes, les partisans s’insurgent et prennent le pouvoir avant l’arrivée des troupes alliées. Les six divisions italiennes engagées avec les Alliés participent très activement à la libération de l’Italie du centre et du Nord. Pour éviter un bain de sang, Mussolini et Graziani ordonnent aux unités de la RSI de déposer les armes le 25 avril 1945. Avant de se rendre, la Decima Mas, restée fidèle à Mussolini, empêche par la force que les Allemands, en se retirant, détruisent certaines des puissantes usines du Piémont et de la Lombardie, quand elles ont été miraculeusement épargnées par les bombes américaines. Les comités de libération nationale stipulent que tous les combattants de la RSI qui déposeront les armes seront libérés. Désarmés, les soldats qui sont restés fidèles à leurs idées sont frappés, couverts de crachats, dépouillés de tout, parfois torturés. Les jeunes auxiliaires féminines sont violées. Des exécutions sommaires ont lieu jour et nuit, après un simulacre de jugement devant un « tribunal ». En Italie, l’épuration sauvage atteint le comble de l’horreur. A la frontière italo-yougoslave, certains partisans titistes massacrent les soldats et les civils italiens désarmés. Les pertes de la RSI, de 1943 à 1945, sont très lourdes : 30 000 soldats tués lors des combats, 15 000 miliciens fascistes tués par les partisans au cours de la guerre civile, 45 000 exécutés après le conflit, 20 000 Italiens massacrés par les partisans yougoslaves. Par contre, l’épuration légale est moins sévère, pour la simple raison que de nombreux accusateurs ont été des fascistes, comme la grande majorité des Italiens. Le ministre Palmiro Togliatti, membre du PCI, a réussi à faire décréter l’amnistie générale.

Arrestation et mort de Mussolini

Mussolini et Clara Petacci sont abattus à la lisière du village de Mezzagra

Le 17 avril 1945, Mussolini s’installe à Milan et il envisage de résister en Valteline ou de se réfugier en Suisse. Le 25, au moment où les partisans commencent à encercler la ville, il a un long entretien à l’archevêché avec certains chefs de la Résistance, Cadorna, Lombardi et Marazzo, afin d’éviter un bain de sang entre Italiens, car les unités de la RSI sont encore nombreuses. Mussolini, qui pense jouer la carte de la présence allemande, est décontenancé quand il apprend que les forces nazies ont décidé de se rendre. Il se retire alors avec sa suite en direction du lac de Côme, vers la Valteline ou le Tessin. Mais la nasse se referme sur le petit groupe de fuyards, qui se rend vite compte que les routes menant en Suisse sont toutes occupées par les partisans. Arrivée à Côme vers 9 h du soir, la colonne fasciste occupe aussitôt la préfecture. Rachele vient de rejoindre son mari et, de bonne heure le lendemain, le Duce prend congé d’elle pour reprendre la route avec ses derniers fidèles. La petite colonne se dirige vers Menaggio en longeant la rive du lac de Côme. De Mennagio, la route mène en Suisse. Le maréchal Graziani, dissociant alors son sort de celui du convoi, préfère se rendre aux soldats alliés pour ne pas tomber entre les mains des partisans.
Dans la nuit du 26 au 27, une unité de 200 Allemands qui essaye de se frayer un passage a absorbé l’escorte de Mussolini. Peu après, Alessandro Pavolini, dans un acte de fidélité, rejoint le convoi, et Clara Petacci retrouve son amant. Dans le petit village de Musso, les partisans ont élevé un barrage et les officiers allemands préfèrent ne pas employer la manière forte. Le chef du groupe des partisans consulte ses supérieurs et un accord est conclu. Le convoi reprendra la route sans les passagers italiens. Le lieutenant allemand bluffe et décide Mussolini à vite revêtir une capote de soldat allemand et à prendre place dans un camion. Très méfiants, les partisans décident de fouiller une fois encore chaque véhicule et l’un d’entre eux va reconnaître la silhouette du Duce. Conduit à Dongo, Mussolini passe la nuit dans une maison de paysans.
La nouvelle de son arrestation par les partisans parvient aux Alliés. Une course-poursuite s’engage entre les services secrets britanniques et américains pour l’enlever. Winston Churchill, qui veut faire oublier son admiration pour Benito Mussolini jusqu’en 1939, a décidé de le faire liquider afin d’éviter qu’il soit jugé et qu’il parle. Samedi 28, Mussolini et Clara Petacci, qui l’a de nouveau rejoint, sont soustraits des partisans locaux par une équipe de tueurs. Sans avertissement, ils sont abattus à la lisière du village de Mezzagra. Les deux cadavres, ainsi que ceux de six dignitaires fascistes, sont emmenés à Milan et pendus par les pieds à la façade d’un garage, place Loreto, face à une foule haineuse. Le visage de Mussolini est ensuite défiguré.

Les véritables raisons de la mort de Mussolini

L’exécution de Mussolini arrange bien du monde. Son procès aurait obligé de nombreuses personnalités chez les Alliés à s’expliquer sur les déclarations d’admiration qu’elles avaient tenues pour cet homme et son régime. Mussolini conservait les lettres élogieuses de Churchill en monnaie d’échange. Jusqu’en 1935, le Duce a entretenu les meilleures relations avec diverses démocraties d’Europe, en s’opposant avec force à Hitler. La conférence de Munich. de 1938, dont le Duce fut le grand instigateur, avait même offert aux Britanniques un sursis inespéré d’un an dans leurs préparatifs militaires. Mussolini a signé le pacte d’Acier avec Hitler pour l’empêcher de faire la guerre jusqu’en 1942.
Bref, un passé qu’il fallait à tout prix ne pas voir resurgir et qui aurait risqué, lors d’un procès, surtout demandé par les Américains.

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