La semaine sanglante de la bataille de Verdun en 1916

Pendant cette semaine l’ennemi redouble d’efforts. Mais ni à l’ouest devant le Mort-Homme, ni à l’est devant le fort de Vaux, il emporte la décision. Les Allemands prennent le bois des Corbeaux, mais échouent dans la prise du fort de Vaux. Le Kronprinz renonce pour un temps aux attaques de grande envergure.

Plus de 100 heures de bombardement
Au bois des Corbeaux, on était tué sans même savoir d’où le coup était parti. Le bruit avait couru parmi nos hommes que le bombardement allemand durerait cent heures et tous attendaient, avec une impatience mêlée d’anxiété, la fin de ces cent heures.
Mais les cent heures passèrent et le bombardement, loin de diminuer, continuait toujours. Il devait continuer toute l’année.

Je me demande comment on ne devient pas fou
Partout où !’on pouvait voir, ce n’était que flammnes et fumée, et avec ça des obus asphyxiants et lacrymogènes en veux-tu, en voilà. Pendant toute une longue demi-journée nous avons reçu ces gaz, le deuxième jour du bombardement.
Je crois que l’enfer ne peut pas être pire que ça. Des cris, le tonnerre affreux de la mitraille, des chevaux qui se sauvent au grand galop. Non, je me demande comment on ne devient pas fou.

Le labourage infernal des obus pendant la semaine sanglante

Le labourage infernal des obus pendant la semaine sanglante à Verdun en 1916

L’armée allemande, qui jusque-là avait concentré ses offensives sur la rive droite de la Meuse, attaque les Français sur la rive gauche au matin du 6 mars. La 5e armée du Reich espère ainsi prendre le contrôle des buttes et crêtes afin de disposer d’une vue panoramique sur Verdun et, qui sait, percer enfin le front français.
Comme le 21 février, l’artillerie du général von Falkenhayn arrose copieusement les premières lignes. Si les bombardements n’ont jamais cessé depuis février, le pilonnage reprend ce jour-là de plus belle sur un front de 4 kilomètres, délimité par les villages de Béthincourt et des Forges que défendent difficilement les six régiments d’infanterie du général Aimé.
A 7 heures du matin, les Allemands canonnent violemment les ouvrages défensifs. De tous les côtés, le labourage infernal des obus crée de monstrueux cratères. A 10 h 30, malgré le brouillard et la neige, les forces d’assaut allemandes traversent le ruisseau glacé de Forges pour nettoyer le terrain au lance-flammes.

Attaques et contre attaques pendant la semaine sanglante

L'offensive est rythmée par les attaques et les contre-attaques. Le bois des Corbeaux est pris, perdu, repris, à nouveau reconquis

Malgré les tirs de l’artillerie française, les Stunntruppen progressent inexorablement. En fin de journée,
les Allemands ont gagné 3 kilomètres, laissant derrière eux des bataillons anéantis ou prisonniers. En urgence, l’état-major français dépêche des renforts aux bois des Corbeaux. Il faut contenir à tout prix cette offensive.
Le lendemain, le village de Cumières subit de nouveaux tirs destructeurs. La bourgade n’est plus qu’amas de ruines fumantes. Des fantassins accrochés aux murs du cimetière résistent avec leurs mitrailleuses et interdisent aux Allemands d’avancer plus loin. Durant une semaine, de jour comme de nuit, une avalanche de bombes s’abat sur la rive gauche de la Meuse A certains moments, il tombe plus de 100 obus à la minute. L’offensive est rythmée par les attaques et les contre-attaques. Le bois des Corbeaux est pris, perdu, repris, à nouveau reconquis.

Des récits effroyables pendant la semaine sanglante à Verdun

Des milliers de soldats périssent dans ces combats pendant la semaine sanglante en 1916

Des milliers de soldats périssent dans ces combats. Faute de pouvoir évacuer et enterrer les morts, « les cadavres sont entassés derrière le bois des corbeaux », témoigne, horrifié, un soldat en permission qui participe, début avril 1916, à une réunion du parti socialiste à Paris. On ne compte plus, en effet, les unités décimées dans ces forêts. 1er régiment de zouaves ou du 9e bataillon de tirailleurs algériens, connaissent des pertes de 80 à 90%.
Les récits sont plus effroyables les uns que les autres. « On marchait sur des morceaux de viande, c’était une bouillie humaine« , écrira plus tard le capitaine Grand, du 211e régiment.
Mais, Falkenhayn a beau déverser des tonnes d’obus et faire des milliers de victimes, les Français résistent toujours et encore.

Après la semaine sanglante

Joffre s’adresse aux soldats de la 2e armée :
« Le pays a les yeux sur vous. Vous serez de ceux dont on dira :  » Ils ont barré aux Allemands la route de Verdun  ».
Les conquêtes allemandes sont médiocres. Bataille d’usure, bombardements intenses, attaques partielles sur des objectifs limités. Le commandement allemand espère que Verdun finira par tomber et que les réserves destinées à l’offensive alliée qu’ils ont prévue seront ainsi détruites. Les attaques seront locales et plus limitées. Le Kronprinz veut s’assurer des bases de départ. Les positions françaises s’accrochent à deux môles à l’Ouest : le Mort-Homme et la cote 304.
14 mars. Après cinq heures de bombardement intense, les Allemands attaquent le Mort-Homme, massif formé des cotes 265 et 295 (sommet du Mort-Homme), fermement défendu par les fantassins et les zouaves.
15 mars. Raids ennemis sur le fort du Vaux.
18 mars. L’ennemi resserre son dispositif et oriente ses assauts sur le front Damloup-Vaux.
19 mars. Les Allemands renforcent leurs bombardements qui rendent difficiles les relèves françaises.
20 mars. Les bois d’Avocourt et de Malancourt tombent aux mains des Bavarois, après des combats acharnés.
31 mars. Rive gauche : le village de Malancourt est pris par l’ennemi. Il échoue sur le Mort-Homme. Rive droite : l’ennemi conquiert une partie du village de Vaux.
2 avril. L’ennemi se glisse dans le ravin de la Caillette. Au milieu de violents combats, le terrain est pris et repris plusieurs fois.

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