Les corvées des poilus dans les tranchées en 1914 - 1918

En plus d’être indigne, la vie de tranchée était harassante. Le quotidien était fait de corvées fastidieuses.

Corvées et travaux du Poilu dans les tranchées

Les unes et les autres représentaient un danger moindre que coups de main et patrouilles. Pourtant, qu’il s’agît de planter un réseau supplémentaire en avant de nos lignes ou de transporter de dangereux fardeaux, grenades ou torpilles, quasiment à découvert dans une zone exposée, combien de blessures et de morts obscures pour y parvenir ! A tout le moins, quelles fatigues accablantes pour les porteurs ou les travailleurs, fatigues rarement suivies d’un sommeil réparateur.
En principe les corvées n’avaient lieu que de nuit. Mais de jour aussi, par les boyaux, les hommes-fourmis circulent, chargés de rondins, de claies, de caillebotis travaillés à l’arrière et qui vont étayer les parapets qui s’effondrent, faire office de planchers dans les fosses de boue où les jambes s’enlisent

Enfoncer des piquets dans les tranchées

Le biffin crevable et corvéable à merci doit enrouler, sur les piquets de fer ou de bois le fil de fer barbelé aux crocs acérés qui lui déchirent les doigts.
Enfoncer ces piquets dans la boue des marais ou le gel d’hiver, la difficulté est égale : la sueur, qui s’ajoute à celle de l’angoisse, transperce la capote et refroidit sur le soldat. Entre Nordschoote et Steenstrate, un de nos hommes… sentit soudain que son piquet, son cavalier, comme on dit, entrait avec un bruit insolite dans quelque chose de mou. S’étant penché, il reconnut qu’il clouait avec son pieu le cadavre d’un Allemand à demi enfoui dans la vase.
Il existait d’autres travaux :
Un jour vint où nous dûmes faucher cette végétation qui nous barrait la vue des positions de l’ennemi et permettait à celui-ci d’approcher, en rampant, presque jusqu’à nous. En face, on entendait des coups de maillet : les Allemands enfonçaient des piquets en avant de leurs lignes. Or, la nuit précédente, un caporal était venu dire à notre lieutenant : « C’est plein de Boches dans la plaine. On devrait demander l’artillerie. » (Le lieutenant), en homme pratique, avait répondu : « Laisse donc les Boches tranquilles. Nous avons besoin, nous aussi, d’avoir la paix quand nous travaillons aux fils de fer. » Une heure après, un feu de salve partait d’un poste allemand, dans la direction de nos travailleurs. Les pionniers allemands avaient achevé leur besogne, et n’ayant plus de besoin de respect pour eux-mêmes, nous insultaient. Nous rentrâmes en grognant dans nos trous

Le transport du matériel pour des corvées terribles à travers les tranchées

Les tranchées étaient ravitaillées à l’arrière
par divers moyens: chevaux, camions, petits trains pour voies étroites, capables de s’avancer au plus près des lignes . Mais une fois arrivé aux premiers boyaux, les tonnes de nourriture, de munitions, de sacs de sable et autres pièces de bois devaient être acheminés à la force des bras. Tous les soldats ont raconté ces corvées terribles à travers des boyaux en mauvais état, surtout lorsqu’il s’agissait de transporter du barbelé, qui s’accrochait partout:
Sous son fardeau, Bussières plie… Lianes perfides qui s’enroulent au hasard de la nuit, les fils téléphoniques l’empêtrent, l’enlacent, l’étranglent. Des réseaux barbelés agrippent la corvée, lacèrent les culottes, griffent les chairs. Les jurons s’étouffent. Un fusant, là, tout près. Deux cris, deux blessés. La course anxieuse s’accélère. Bussières peine pour ne pas perdre la liaison. D’autres fusants, plus proches… Timidement, quelqu’un derrière Bussières : Faites passer qu’on ne suit pas… Un arrêt qui peut être fatal…
Et pourtant : Faites passer au lieutenant qu’on ne suit pas. La corvée stoppe furieuse : Fumiers, bande de porcs !
Les retardataires arrivent, aigrement accueillis. Ça suit ? — Ça suit ! La corvée accomplie, c’est une fuite éperdue, sans guide. Regroupée dans l’abri de deuxième ligne, l’escouade s’ébroue, se nettoie.

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