La jeunesse sous le régime nazi de Hitler

Confié à Baldur von Schirach, le programme du Reich pour la jeunesse assimile les enfants à du bétail, et l’éducation à de la zootechnie, c’est-à-dire à un ensemble de techniques destinées à obtenir le meilleur d’une race d’élevage. Les mouvements de la jeunesse hitlérienne sont le principal outil de cette politique.

Orphelins de père
En ces premières années du régime, beaucoup de parents étaient affectés par le malheur qui les atteignait à travers leur fille. Une enquête fut donc ouverte afin de retrouver les « pères » de cette journée du parti de l’année 1936. Mais en dépit de la formidable organisation dont disposait la Jeunesse hitlérienne, plus de la moitié des enfants procréés ce jour-là demeurèrent orphelins de père.

L’exemple des dirigeants nazis
Himmler avait quitté Marga, sa femme, et vivait très officiellement avec sa maîtresse, Hedwig, avec qui il eut deux filles. Martin Bormann, le dauphin de Hitler, était dans le même cas. Mme Bormann poussa cependant son attachement à la cause des naissances jusqu’à écrire à son mari une lettre le félicitant d’avoir pu enfin séduire une jeune actrice, Mlle M. Elle lui demandait, surtout, de veiller à ce que sa conquête ne tombe pas enceinte en même temps qu’elle. De cette manière, écrivait Mme Bormann, tu auras toujours une femme de libre à ta disposition.
Quant à Goebbels, la « tête pensante » du régime, les Allemands disaient de lui qu’il n’était que « tête et queue » (Kopf und Schwanz) car il possédait des maîtresses un peu partout. Hitler lui avait interdit de divorcer.

La jeunesse concernée par la politique familiale des nazis

La jeunesse fut, c'est évident, la première concernée par cette politique de la démographie galopante des nazis

La jeunesse fut, c’est évident, la première concernée par cette politique de la démographie galopante sans laquelle la politique du Lebensraum (espace vital), prévue pour conquérir l’Europe, voire le monde, se serait révélée irréalisable. Aussi fut-ce à l’intention des mouvements de jeunesse hitlérienne que fut officiellement instauré, le 28 octobre 1935, le « mariage biologique ». Ce… mariage, qui était censé anoblir les rapports sexuels, en dehors des liens du mariage, entre filles et garçons liés par un même idéal, était surtout destiné aux filles. La raison en était fort simple. Bien avant que la guerre ne vînt creuser l’écart, l’homme en Allemagne était en minorité par rapport à la femme, c’est pourquoi les cheftaines du B.D.M. (Sund Deutsche Madchen), avant chaque rassemblement mixte, tenaient à leurs troupes ce discours :
« Vous ne pourrez pas toutes trouver un mari mais vous pourrez toutes devenir mères. »

1000 jeunes filles enceintes à la suite des manifestations de 1936

1000 jeunes filles enceintes à la suite des manifestations de 1936

La mise en pratique du nouveau principe créé au nom du Führerdienst, du « Service du Führer », causa, dès les débuts, de tels ravages que l’on vit circuler clandestinement, à travers toute l’Allemagne, une lettre ouverte à Goebbels. Les débordements oratoires de celui-ci, en faveur de la natalité, frisaient parfois l’immoralité. Tirée à des milliers d’exemplaires, cette lettre (nombreux furent ceux qui se retrouvèrent en prison pour l’avoir conservée) était signée Michaël Germanikus. Son auteur anonyme disait en substance :
« Le nombre des délits sexuels dans les camps de jeunesse est incalculable. Pendant les rassemblements de la Hitlerjugend et du Bund Deutsche Mâdchen, des fillettes de seize et même de quatorze ans ont été ruinées moralement et physiquement… »
Aucune statistique n’a été établie, et pour cause, à ce propos. On sait seulement qu’à la suite des manifestations qui avaient réuni, en 1936, plus de cent mille jeunes gens pour l’anniversaire de la fondation du parti nazi à Nuremberg, près d’un millier de toutes jeunes filles furent enceintes.

Le mariage biologique sous le régime nazi

La formation du caractère et l’éducation sexuelle à des fins de procréation dirigée se firent donc, dans une large mesure, à la faveur de ces campements, de ces sorties, de ces réunions sportivo-militaires si chers au régime. A partir de ce moment-là, l’enfant n’appartenait plus à sa famille mais au mouvement. En cas de conflit grave (et la grossesse d’une fillette de quatorze ans n’est pas le moindre) c’est toujours à la Jeunesse hitlérienne que revenait le dernier mot.
Elle avait appris, cette petite fille, la leçon que, souvent, on lui avait enseignée à l’école.
Sous forme de dictée, le texte était ainsi conçu :« Nous pouvons toutes, aujourd’hui ou demain, nous abandonner à l’expérience riche en émotion spirituelle qui consiste à procréer en compagnie d’un homme jeune et sain, sans nous soucier des entraves dont s’encombre la désuète institution du mariage. »
La dictée avait pour titre : « Le mariage biologique. »

Sous le régime nazi, les naissances illégitimes augmentèrent sensiblement.

Ainsi, et dès la fin de la puberté, filles et garçons allemands considéraient-ils les relations sexuelles comme un exercice sportif ne posant pas de problème. Le Journal des Médecins allemands, dans un article publiée en 1936, estimait que le pourcentage des rapports pré-conjugaux variait entre 51 % en Saxe et 90 % à Munich.
A partir de 1937, le chiffre des naissances illégitimes chez des jeunes filles se mit à augmenter sensiblement. Les filles-mères, sur ordonnance du ministère de l’Intérieur du Reich, eurent le droit de se faire appeler « Madame » et bénéficièrent, pour elles et pour leurs enfants, des droits octroyés aux mères légitimes, tant sur le plan administratif que sur le plan moral. Dans le cas où la naissance avait lieu en dehors de la région où était domiciliée la mère, les services d’état civil de ladite région n’en étaient pas informés.
En dépit de la propagande, des avantages matériels, des décorations, la moyenne des naissances, par foyer légal, n’augmenta que peu dans les premières années du régime.

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