C’est surtout pendant la campagne de Pologne de 1807, la campagne de Russie de 1812 et la guerre d’Espagne et du Portugal que se pose le problème des vivres. La campagne de 1807 est une hivernale et les troupes se déplacent à rythme intense sur des chemins défoncés par grand froid.
Le sous-lieutenant Rilliet, du le, cuirassiers, donne un aperçu de la façon dont les réquisitions sont faites : « Je partis avec un détachement de 25 cavaliers, 2 brigadiers et un maréchal des logis. Nous devions requérir de l’avoine, de l’orge et des bestiaux. Nous avions une série de villages à parcourir et à mettre à contribution. On comprend que cela ne se faisait sans de grandes jérémiades de la part des habitants; c’était surtout le départ des bestiaux qui les navrait ! Nous procédions avec autant d’ordre et de modération que possible. Lorsque nous avions rançonné un village, nous requérions des chars pour charger notre avoine, nous y attachions les bestiaux et nous allions plus loin. »
Dès la fin du printemps de 1805, les soldats reçurent journellement une demi-bouteille de vin et du biscuit au lieu du pain de munition tous les cinq jours. Un homme est désigné dans chaque escouade pour porter la marmite qui sert à préparer la soupe ; c’est en général une tâche réservée au moins ancien dans le service. Les faisceaux d’armes formés, les bivouacs établis, les soldats qui ne sont pas de service se lancent, suivant l’habitude, dans toutes les directions pour faire des vivres. Cette mission était généralement remplie par les meilleurs marcheurs. Durant la campagne de Pologne de 1807, la nourriture était un problème quotidien dans ce pays pauvre ravagé par la guerre ; les paysans trouvaient des astuces pour cacher les vivres et les soldats s’employaient à les dénicher.
Les détachements comprenaient toujours des hommes en armes et d’autres sans, munis de sacs de toile, de pioches, de pelles et de baguettes de fusil. Cette catégorie était surnommée les sondeurs : ils avaient pour mission… de sonder le terrain pour découvrir les caisses ou barils cachés en terre.
Dès que la baguette de fusil avait trouvé une résistance, les piocheurs et pelleteurs se mettaient à l’œuvre et les soldats trouvaient ainsi des caisses contenant de la farine, du lard, des viandes salées, des légumes secs, des pommes de terre. Dans les caves, lorsque les habitants faisaient des trous pour enfouir les provisions, les soldats utilisaient un autre moyen : ils arrosaient le sol et là où l’eau était plus rapidement absorbée se trouvait la cachette, car la terre avait été fraîchement remuée. Dans d’autres circonstances, les habitants cachaient les vivres au sommet de grands arbres, aussi quelques soldats se promenaient-ils toujours le nez en l’air…
Les réquisitions entraînent forcément des violences, des abus et des dégâts inutiles