La deuxième phase de la bataille est une corrida infernale

La seconde phase de la bataille commença peu après 7 heures, quand le Graf Spee vira vers l’ouest, à une vitesse de 24 noeuds et en se dissimulant derrière un écran de fumée.
L’Ajax et l’Achilles le suivaient en filant 31 nœuds, à 16 kilomètres, c’est-à-dire, à portée de leurs canons.

Langsdorff joue et perd

Langsdorff joue et perd pendant la bataille du Rio de la Plata

Le commandant Parry rapprocha habilement son navire du Graf Spee. En effet, les canonniers allemands allaient se rendre compte que leur tir était trop court et l’allongeraient. Mais l’Achilles, ayant réduit la distance entre les deux navires, rendrait inefficace la manœuvre ennemie. Malheureusement, presque tous les occupants de la tour de contrôle avaient été blessés, y compris l’officier canonnier, et les tourelles ne recevaient plus les ordres.
Quelques minutes plus tard, les blessés de la tour de contrôle s’étaient pansés eux-mêmes et reprenaient l’action. De son côté, sur la passerelle, le commandant Parry avait lui-même soigné sa jambe atteinte par un éclat d’obus. Il ne se rendit compte qu’il avait été blessé aux deux jambes que lorsque l’un de ses hommes lui dit : « Maintenant, l’autre jambe ! »
A 7 heures, le Graf Spee filait 24 nœuds vers le nord, suivi à tribord par l’Achilles et l’Ajax, qui en filaient 30, et par l’Exeter qui, à bâbord, manoeuvrait à grand-peine. Le Graf Spee se dissimula alors derrière un écran de fumée. La première phase de la bataille était terminée.
Pendant cet engagement, Langsdorff avait été blessé à deux reprises par de petits éclats, il avait même perdu une fois connaissance. Le Graf Spee avait été touché par sept salves mais sans subir pour autant de gros dommages. Il donnait encore toute sa vitesse et toutes ses pièces pouvaient tirer.
Langsdorff, à cet instant, manqua de jugement, peut-être à cause de ses blessures. La plus importante décision consistait à savoir s’il allait ou non attaquer. Il pensait alors avoir affaire à un navire, l’Exeter, mal préparé à l’affronter et à deux destroyers. En se rapprochant rapidement, Langsdorff espérait, grâce à la supériorité de son armement, vaincre l’Exeter.
Mais lorsque les « destroyers » furent identifiés, quelques minutes plus tard, comme étant l’Ajax et l’Achilles, Langsdorff n’essaya pas de fuir et, à 6 h 12, selon ses propres dires, il se mit en position de combat et ouvrit le feu à 6 h 17. L’amiral Raeder, qui commandait la flotte allemande à l’époque, écrivit plus tard que Langsdorff, en dehors du fait qu’il allait à l’encontre des instructions reçues, avait commis une erreur tactique en attaquant les forces ennemies. Cependant, une fois le combat engagé, Langsdorff devait-il le poursuivre ou essayer de s’échapper ?
Il était obsédé par la crainte qu’on ne le prît en chasse. Il a écrit : « Dans la nuit claire de l’Atlantique-Sud, comme par une nuit de pleine lune, il n’est pas possible d’échapper à un poursuivant. » Mais il n’y avait pas de lune à ce moment-là et l’Ajax et l’Achilles perdirent plusieurs fois de vue leur adversaire en quelques heures, même lorsqu’il se silhouetta sur les lumières de Montevideo. Ses craintes étaient sans fondement. Les Anglais n’avaient jamais espéré pouvoir lui donner la chasse pendant la nuit et Harwood, dès le début, avait décidé de l’attaquer immédiatement.
L’Ajax et l’Achilles pouvaient filer 31 nœuds ; le Graf Spee, 24. Mais si ce dernier avait modifié sa route à 6 h 12 avant d’être identifié — les croiseurs anglais n’auraient pu le rattraper qu’en filant 7 nœuds de plus que lui et seraient restés constamment à portée de ses canons de 280 millimètres.
Ensuite, Langsdorff se rendit compte que Harwood avait divisé ses forces en deux et il se montra indécis dans son choix : à qui devait-il réserver son armement principal : à l’Exeter à tribord ou à l’Ajax et à l’Achilles à bâbord ? En changeant fréquemment de cible, il ralentissait considérablement la rapidité de tir du Graf Spee, qui, même dans des conditions optima, n’était jamais exceptionnelle. D’autant plus que les Allemands attendaient les résultats de chaque salve avant de tirer la suivante. Si, enfin, ayant décidé d’attaquer, Langsdorff s’était hardiment tourné à tribord vers l’Exeter (en s’éloignant de l’Ajax et de l’Achilles), il est probable qu’il eût réussi à en finir rapidement avec lui, avant que les autres revinssent à la charge.
Sans aucun doute, la tactique offensive de Harwood surprit Langsdorff. Il s’attendait à être pris en chasse et il se trouva brutalement attaqué et de deux côtés à la fois.

La seconde phase de la bataille du Rio de la Plata commence

La seconde phase de la bataille commença peu après 7 heures, quand le Graf Spee vira vers l’ouest en se dissimulant derrière un écran de fumée. L’Ajax et l’Achilles le suivaient à 16 kilomètres, c’est-à-dire, à portée de leurs canons.
Les dégâts occasionnés à la station radio de l’Achilles provoquèrent une confusion qui eut pour résultat de diminuer notablement l’efficacité ‘du tir britannique. Langsdorff ne profita pas de cette bonne occasion. Au contraire, à 7 h 16, il vira à bâbord. A cet instant, Harwood (à gauche), sachant qu’il n’était pas encore à portée convenable du cuirassé de poche, pour les canons de l’Ajax et de l’Achilles, décida de se rapprocher rapidement du Graf Spee, bien que cette manœuvre l’empêchât d’utiliser les deux tourelles arrière de chaque croiseur et réduisît la puissance de feu de moitié.
Ce fut là une sage et courageuse décision, prise dans le tonnerre de sa propre artillerie et au milieu des obus du Graf Spee tombant de plus en plus près. Il pouvait, en agissant ainsi, obtenir une victoire définitive ou perdre ses deux navires et voir le Graf Spee s’échapper. Il savait qu’il n’avait pas d’autre choix, n’étant pas capable de se lancer à la poursuite du cuirassé de poche pendant la nuit.

Torpilles en vue !

Le signal de « en avant toute » fut envoyé à l’Achilles, et l’Ajax vira à bâbord. Les problèmes de repérage avaient été résolus depuis et les deux bâtiments faisaient feu rapidement et soigneusement, au rythme d’environ trois salves par minute pour chacun.
Quand le Graf Spee avait viré à bâbord, Harwood avait pensé qu’il voulait en finir avec l’Exeter . Il donna l’ordre à l’Ajax et à l’Achilles de virer à tribord afin de mettre tous leurs canons en batterie. Leur tir fut rapide et précis, et le Seafox signala bientôt des coups au but. En outre, l’hydravion du Graf Spee fut touché.
Langsdorff se laissa prendre à la manoeuvre de Harwood et modifia sa position vers le nord-ouest, détournant ses canons de l’Exeter, pour braquer ses deux tourelles vers l’Ajax et l’Achilles. Harwood, spécialiste des torpilles, espérait que le Graf Spee garderait la même position pendant quelques minutes. A 7 h 24, il ordonna à l’Ajax de lâcher ses torpilles de bâbord, à une portée d’environ 8 kilomètres. Malheureusement, les quatre torpilles émergèrent après avoir été lâchées et furent repérées par le Graf Spee qui tourna de 130 degrés afin de les éviter.
Dès lors, Langsdorff pensa surtout à la menace des torpilles et fit en sorte de présenter la poupe de son navire aux deux croiseurs anglais afin de leur offrir une cible réduite au minimum. Il était, lui aussi, spécialiste du torpillage et, de ce fait, particulièrement averti de ce genre de menace. Alors que le Graf Spee venait de reprendre sa position, une explosion soudaine retentit à bord de l’Ajax : un obus l’avait atteint et un officier canonnier annonça que les deux tourelles arrière étaient hors d’usage. Ni Harwood, ni Woodhouse n’eurent le temps de s’en inquiéter : le navire continuait à filer à pleine vitesse car, peu avant l’explosion, le Seafox avait signalé : « Torpilles en vue : elles passeront devant vous. »
Harwood ne prit pas de risques. L’Ajax vira et demanda à l’Achilles de présenter la poupe. Ayant repris sa position première, il se remit en chasse et vers 7 h 38. la portée était tombée à 7 kilomètres. A cette distance, le Graf Spee, en plus de son artillerie de 280 et de 130, pouvait utiliser également ses canons antiaériens de 90, qui tiraient des obus fusants. Les deux croiseurs britanniques. eux aussi, pouvaient toucher leur adversaire. mais sans lui infliger de graves dommages.
Une ou deux minutes plus tard, deux choses arrivèrent presque simultanément. D’abord, Harwood fut averti que seuls deux canons sur huit de l’Ajax étaient encore en état de tirer, car en plus des tourelles arrière qui avaient été atteintes par un obus du Graf Spee, la tourelle B avait été également endommagée. Ensuite, on apprit que l’Ajax ne disposait plus que de 20 % de ses munitions . Harwood pensait que l’Achilles ne devrait pas en avoir beaucoup plus et, d’après ses observations, le Graf Spee n’avait pas encore subi de dommages : il continuait à filer à pleine vitesse et son armement principal et secondaire était toujours en action.

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